Le paysage demande d’être observé sérieusement et avec sérénité pour pouvoir s’abreuver de la sève vitale qu’il ne cesse de diffuser.
Mêmes les aveugles arrivent à profiter de cette beauté.
Les arbres ne cessent de chanter grâce aux bruissements qu’offre la rencontre du vent et des feuilles, les sourds aussi profitent de cette musique « célestement » tellurique,
La terre ne cesse de vibrer de ses entrailles, histoire de dire à haute voix la quantité de bénédiction dont elle regorge,
Ça vibre à Nyiragongo, ça bourdonne à Nyamulagera, mêmes les oiseaux dans l’air sentent ces frémissements.
Dans les collines de Masisi une vue imprenable se détache,
Dans le sentier de Ruwenzori, les gorilles de montagne ne cessent de magnifier le dos argenté qui avec un regard orgueilleux affirme sa souveraineté due à son âge de mâle dominant,
Au-delà du décor matériel et immatériel, un peuple, un pays, une région, une communauté, un « sexe » ne cesse de payer les frais cash sans autre forme de procès grâce à la complicité de tous,
Des bruits de bottes retentissent sur fond d’une hétérophonie indescriptible accompagnés de crépitements d’ armes lourdes et automatiques qui contrastent étonnamment avec le décor de rêve qu’offre la région,
Des enfants crient par là, les vieillards palpitent d’impuissance de l’autre coté,
Les parents cherchent à protéger leurs enfants, les hommes s’empressent dans les forêts d’à coté pour se cacher
Les femmes seules isolées pleurent de la souffrance que cela amène, les forces d’autodéfense s’empressent de sortir les vieux fusils hérités de la dernière bataille que les belligérants ont abandonnés lors de la fuite,
Mais cela ne suffit pas à calmer les ardeurs des uns et des autres suffisamment armés pour en découdre avec « l’ennemi »,
Le sang appelle le sang, au final ni vaincu ni vainqueur, seules les victimes pour pleurer, histoire de cracher la dernière rage avant la mort prochaine.
Notre silence, notre inaction devient incriminante pour notre conscience et ne peut nous laisser libre alors que nous savons tous qu’ici dans cet endroit du monde, la femme n’est pas encore reconnue comme mère, sœur, amie, « être humain »
Ici dans ce coin paradisiaque, la femme est devenue le souffre douleur des belligérants, la caisse de résonnance de frustrations et vexations au gré de victoires et défaites de quelques individus armés jusqu’aux dents,
Ici en Afrique, la femme continue de payer les frais afin d’obliger une communauté, un peuple, un pays à céder la place aux intérêts multinationaux, au détriment de l’Homme.
Le viol est utilisé comme arme de guerre.
La femme n’a pas encore cessé de crier pour sa reconnaissance, elle saigne, mais elle reste en vie, elle hurle, mais elle est en sourdine, elle sourit mais la réalité de son intérieur reste un désastre sans identité pour nous qui sommes extérieur à son corps,
Cette femme se nourrit du rêve il parait impossible de sa foi en l’humanité de chacun, histoire de nous rappeler que c’est grâce à elle que la nation, l’humanité se réconciliera avec elle-même,
C’est grâce à elle que la nation renaitra demain de ses cendres, il parait que derrière tout « grand homme » se cache une femme,
Elle s’accroche à la vie pour perpétuer notre avenir, « toutes les femmes sont des reines » fredonne encore Ismaël Lo.
L’Histoire récente ici dans ce coin du monde nous témoigne un acharnement impossible de quelques resquilleurs diffusant les armes et des idéologies inhumaines grâce à la bénédiction du coltan, de la cassitérite, de la richesse de ces terres,
Nous sommes bien au Congo, cet ici lointain de nos corps mais bien présent dans notre âme est l’Est de ce pays qui saigne, nous sommes au Kivu plus précisément,
Cette région immensément riche, mais scandaleusement pauvre est devenue depuis deux décennies le siège de l’immoralité, de l’inhumanité, de la perversion impossible,
Les atrocités que personne ne peut imaginer humainement parlant sont d’une réalité inconcevable,
Ceux qui paient les frais évidemment sont les plus faibles, c’est-à-dire, les vieillards, les enfants, mais surtout les Femmes,
La femme du Kivu est devenue une martyre depuis la transplantation au Congo des événements douloureux de 1994 qui se sont opérés au Rwanda voisin.
Les nouvelles de toutes parts nous informent avec une analogie étonnante qui ne peut plus en aucun cas nous laisser indifférents,
Dans les infos officielles ou non, nous apprenons tous à la comparaison de ces nouvelles une déduction qui se veut révélatrice d’un mal que nous ne pouvons plus accepter,
La Femme paie le tribut lourd en devenant la proie d’individus armés, le cadre d’expression d’une complicité favorisée par une omerta collective,
« Femme noire femme africaine » comme pouvait l’enchanter Camara Laye, est devenue dans ce coin du monde un objet pour assouvir une domination ou signifier le degré de conviction de la haine diffusée par les troupes armées,
Les rebelles, les troupes loyalistes, les troupes étrangères, celles des nations unies, toutes sont responsables, coupables d’une situation qui ne peut plus être étouffée,
Nous sommes dans un stade où l’homme est devenu, disons s’est affirmé en sa qualité de prédateur premier de l’Homme.
Il viole, il massacre, il décapite, il tue pour montrer ses biceps, sa puissance et surtout pour diffuser une peur qu’il pense conforter son fictif pouvoir,
La femme est devenue l’instrument de démonstration de ce pouvoir malsain,
Quel pouvoir ? Celui de l’argent provenant du sang de la terre du Kivu, mais aussi du sang de son peuple,
Les richesses dont regorgent cette région ont obligé tous les belligérants à se rétracter de leur mission première qui était et est d’assurer le bien être collectif,
La femme du Kivu est en proie à des viols massifs, collectifs, ciblés et organisés,
La femme du Kivu est utilisée pour intensifier la terreur dans la région,
Au vu et su de tous, nous avons failli à notre mission, à notre devoir d’être humain,
Nous refusons de regarder cette réalité en face, nous préférons nous cantonner sur des faits distrayants au lieu d’affronter la réalité en créant une société juste,
Définir les atrocités perpétrées au Kivu ne servira à rien, car il n’y a plus rien à dire, les mots ne sauront plus nous décrire cette réalité, elle a dépassé l’imagination,
Ainsi la conscience et confiance en l’humanité de tous, nous sommes aussi responsables au moment où nous nous taisons, nous croisons les bras en nous contentant de notre « train train quotidien », alors que nous savons tout ce qui se passe au Kivu et ce que subissent les femmes de cette région.
Raison pour laquelle, nous vous invitons à non seulement observer, mais participer au rétablissement, d’une nouvelle société,
Redonner la chance à ces femmes de croire à nouveau à la vie et à l’humanité, leur démontrer que nous sommes concernés, nous travaillons pour l’amélioration de leur situation et qu’elles peuvent s’en sortir de ce cycle meurtrier,
L’Association Femmes du Kivu a un seul objectif, celui de faire en ce que les victimes de rapts, d’atrocités qui s’opèrent sur le terrain puissent recouvrer leur humanité, mais surtout leur donner les moyens, la chance pour un nouveau départ.
Cette organe s’engage à travailler pour rétablir ces possibilités et invite tous les acteurs directs et indirects à œuvrer dans ce sens.
Venir en aide aux victimes directes et indirectes seraient le seul moyen pour nous de ne pas nous faire complice de ces atrocités ce qui doit nous inquiéter le plus c’est l’inaction.
Tenter de créer une dynamique qui permette d’aider directement ces victimes grâce aux moyens que nous avons, en les synchronisant de manière à atteindre justement notre objectif au nom de l’humanité.
C’est ainsi que nous lançons cet appel à tous de nous rejoindre pour bâtir, rebâtir ce que l’homme à détruit d’humain chez les femmes du Kivu.
Notre foi en cette vertu de Justice et de devoir d’Humain nous permet de compter sur votre participation active à cette œuvre.
Cela nous permet de nous détacher des conglomérats qui favorisent ces crimes et surtout nous met au centre du tourment pour rétablir l’humanité perdue dans cette région.
Notre devoir est sans doute de faire circuler la parole et de nous assurer que tout le monde soit au courant de ce qui se passe dans ce coin du monde.
Ainsi nous pouvons grâce à l’implication de chacun œuvrer pour un nouveau départ de la femme du Kivu.
Sachant qu’une femme meurtrie signifie l’avenir d’un peuple oxydé, nous sommes les seuls à pouvoir réparer cette situation à temps, ça nous concerne tous et notre futur en dépend.
L’éducation d’un pays, d’un peuple se transmet d’abord par la femme.
L’avenir se conjugue et s’accorde à la Femme, la Femme est un Monde, elle en est le futur.
Daddy Nganga, Septembre 2010